Écrire court

Dans un article récent du Devoir, Dominic Tardif se demandait si le récit court était caractéristique de notre époque.

J’ai acheté tout récemment City on Fire qui fait 970 pages et qui est l’un des meilleurs vendeurs de l’heure. Il y a encore de l’appétit pour du costaud. Dans mon cas, il s’agit aussi d’une sorte de boulimie, parce que j’ai beau vouloir, je sais que j’ai les yeux plus grands que la panse et ce sera déjà formidable si j’arrive à terminer ce livre quelque part au cours de l’été.

Lire court nous sauve parfois du vide et de la confusion, nous pauvres lecteurs occupés, qui lisons entre deux stations de métro, dans la salle d’attente du dentiste ou 10 minutes avant de sombrer de gré ou de force dans les bras de Morphée. Ça évite de perdre le fil d’une histoire et permet d’en connaître la fin avant que nos enfants soient devenus des grands-pères.

Alibis
Alibis57_255x400Écrire court est aussi un moyen pour les auteurs de survivre parfois. Ainsi, les petits bonshommes qui respirent dans leur tête peuvent émerger et voir un petit bout de leur vie fixé sur papier pour libérer un peu d’espace dans la tête de l’écriveux à l’imaginaire achalant. Ma première nouvelle noire a été publiée dans le magazine Alibis récemment. C’est un premier pas pour moi dans cet univers. J’espère bien qu’il sera suivi de quelques autres, mais je peux dire que j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui réussissent à écrire long au milieu de cette vie si peu oisive, sollicités de toute part que nous sommes par les obligations quotidiennes et par le bombardement d’infos et autres stimulus multimédiatiques!

Suggestions pour lire court
Si lire court vous paraît aussi un bon moyen de lire tout court, et que de plus vous aimez le polar et la littérature noire, Alibis est le magazine parfait pour vous nourrir et vous tenir au courant de ce qui se passe chez nos auteurs d’ici et d’ailleurs. Si vous êtes moins polar, mais que vous aimez une touche de mystère, vous pouvez aussi aller vers Madame Victoria, une série de portraits tous liés par la découverte mystérieuse d’un squelette féminin. Pour mettre un nez dans les coulisses du journalisme, Les Imperfectionnistes est aussi un bouquin qui, sans être un recueil de nouvelles, peut se lire par courts moments, chaque chapitre se penchant sur un personnage lié de près ou de loin à un journal italien.

Je ne pense pas que le court va l’emporter sur le long, mais comme dans n’importe quel art, on a parfois envie d’un éclair créatif. Il y a des moments pour savourer une toune de trois minutes et une autre pour écouter l’album au complet.