Musique au musée

L’un après l’autre, les musiciens se mettent en place. L’un après l’autre, les écrans s’allument.

Chacun dans son coin à lui, dans cette magnifique maison du 18e siècle. L’une dans son boudoir face à la fenêtre et au paysage de campagne (Kristín Anna Valtýsdóttir). L’autre dans sa bibliothèque. Un pianiste pivot (Kjaartan Sevinsson, ancien musicien de Sigur Ros) au milieu du grand salon, et l’artiste Ragnar dans son bain.

Ils sont huit musiciens en tout. Huit musiciens et un groupe de techniciens et amis sur un 9e écran qui attendent à l’extérieur au son des criquets.

Vous vous promenez d’un écran à l’autre pour assister à tout ce qui s’amorce et s’enchaîne, mais bien vite vous avez envie de vous installer dans un coin de la salle et de vous laisser porter par le spectacle. Car c’en est un. Pendant plus d’une heure, ils jouent ensemble une même pièce avec une mélodie-leitmotiv entrecoupée de phases doucement improvisées (même si tout est visiblement bien structuré). Pendant plus d’une heure, ils joignent leurs voix (voix humaine, violoncelle (Gyða Valtýsdóttir), piano, guitares, basse, batterie, accordéon, harmonica, banjo) sans jamais se perdre, toujours en harmonie, même si chacun vient y apporter ses propres variations.

Et vous vous laissez envahir par la douce mélodie quasi hypnotique. I fall into… Vous assistez à ce moment privilégié où chaque artiste est à la fois connecté à lui-même, son émotion, son instinct, et entièrement connecté aux autres et à la musique.

L’environnement, ce manoir lumineux au charme désuet, ajoute à l’impression d’être plongé un peu hors du temps.

Et bientôt tous se rassemblent et poursuivent joyeusement leur route pour se perdre dans l’horizon et l’infini de la musique.

Et derrière eux, les techniciens éteignent, un à un, les écrans.

The Visitors, Ragnar Kjartansson
MACM