Deux navires pris dans les glaces et dont on n’avait jamais retrouvé la trace. Des hommes condamnés à vivre — et à mourir — de faim et de froid, loin des leurs, dans un environnement du bout du monde. L’Erebus et le Terror font partie de la légende et on vient de retrouver l’un deux. L’expédition Franklin va enfin révéler ses derniers secrets.
Je ne sais plus quand j’ai entendu parler pour la première fois des naufrages de cette expédition dans l’Arctique, mais c’est le genre d’histoire qui frappe l’imaginaire. Le mien, en tout cas.
Fascinée par le sort des ces hommes, j’ai donc lu avec beaucoup de plaisir, malgré ses longueurs, le roman de Dan Simmons, Terreur, inspiré de ce qu’on connaissait de cette aventure. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille ce livre, fictif bien entendu, mais qui rend bien l’esprit qui devait régner sur ces bateaux. Dan Simmons a même effectué des recherches de terrain, se rendant dans le Grand Nord pour vivre les sensations (le froid et le noir, notamment) qu’il a intégrées au récit.
Il imagine les confidences d’un des commandants, Francis Crozier, qui nous raconte les événements dans son journal : la longue attente, la peur, l’espoir, la maladie, les morts qui surviennent, une à une, dans cet endroit polaire où ils sont isolés et complètement perdus. Ils ont mis beaucoup de temps à quitter les vaisseaux, espérant toujours être rescapés. À bout de provisions, au bout de longs mois de résistance (années même!), ils ont dû se résoudre (du moins, les quelques survivants) à partir à pied sur la terre glacée.
On connaît les grandes lignes de l’histoire, alors je ne vends pas de punch, mais l’immersion est réussie. Dan Simmons arrive à nous faire ressentir de façon réaliste et très crédible ce que ces pauvres marins ont dû vivre. À son habitude, il a rajouté une touche de fantastique, un monstre nordique semblable à un ours géant qui rôde autour d’eux, tel un fantôme, et qui les terrorise. Il incarne l’inconnu, la métaphore de cette peur devant ce milieu qui leur était hostile, car totalement étranger. L’auteur n’oublie pas non plus d’illustrer ce racisme latent qui élevait une barrière entre les marins anglais et les Inuits, ce qui leur a certainement nui, et les a sans doute même condamnés.
La fin imaginée par l’auteur s’étire inutilement (à mon goût, du moins), mais ça n’a pas altéré mes fortes impressions de lecture.
Sous les étoiles
J’ai aussi lu le livre de Dominique Fortier, Du bon usage des étoiles. On a droit ici à de la bonne littérature, plus largement inspirée du mythe, mais moins collée à la réalité des marins. Ce sont deux romans totalement différents. Pour se mettre dans la peau des hommes, c’est celui de Dan Simmons qu’il faut choisir. Pour se plonger davantage dans la société victorienne, on pourra opter pour le roman de Dominique Fortier.
Cet été, j’ai eu le plaisir d’interviewer Charles Dagneau, un archéologue subaquatique de Parcs Canada. Après l’étude de l’épave de l’Empress of Ireland, il devait joindre l’équipe de recherche du Franklin. Plusieurs expéditions ont eu lieu au fil du temps, sans succès, mais l’équipe espérait découvrir le trésor dans cette nouvelle zone de recherche. Eurêka.